Ces trente dernières années, de nombreuses thérapies ont vu le jour. Elles se sont développées avec pour objectif le mieux-être. Souvent très discutées, elles font cycliquement la une des conversations ou de l'actualité. Pour autant, elles ne recouvrent pas tout le champ des approches thérapeutiques. D'autres méthodes, à visée curative ou préventive, permettent la prise en charge des troubles de la personnalité, du plus léger au plus lourd. Le langage témoigne de cette opacité, de ce flou, qui a mis à l'honneur le vocable « psy ». Raccourci à la mode, à la fois il banalise et rend plus accessible ce champ des sciences humaines mais, aussi, entretient la confusion. Dès lors et pour le néophyte en la matière, la première question est bien souvent : qui consulter?
Le psychiatre est un médecin spécialiste, membre de l'Ordre des médecins. Les termes de psychiatre et d'aliénation mentale sont apparus en 1802. La psychiatrie, dès 1842, désigne une branche découlant de la médecine et des soins portés aux patients atteints de désordres assimilés à l'aliénation mentale, au sein des hôpitaux et/ou asiles d'aliénés. De ce fait et en matière de soins dans la santé mentale, seul le psychiatre peut prescrire un traitement médicamenteux. À cette ordonnance, peuvent être associées des techniques psychothérapeutiques mises en œuvre par le psychiatre lui-même, cas auquel il aura reçu une formation adéquate pour ce faire, ou qu'il travaille en parallèle avec un autre thérapeute. Le psychiatre traite divers troubles qu'il aura diagnostiqués : dépressions, maladies psychosomatiques, dysfonctionnements comportementaux mais aussi les désordres graves de la pathologie mentale. D'ailleurs bien souvent, l'image d'Épinal de la profession est associée à l'idée de pathologie lourde. Beaucoup pensent que consulter un psychiatre ne concerne que ce type d'atteinte. Il n'en est rien. Pour autant, les patients qui s'adressent ou sont adressés par leur médecin-traitant au psychiatre, nécessitent une médication qui pourra, ou pas, être associée à une autre démarche thérapeutique. Certains psychiatres sont spécialisés dans le traitement des enfants (pédopsychiatres), adolescents, personnes âgées... Le psychiatre pratique en cabinet privé, en institution ou hôpital. Étant médecin, les patients qu'il reçoit peuvent prétendre à un remboursement des consultations par le régime de sécurité sociale.
Le psychologue est titulaire d'un diplôme universitaire (licence et maîtrise en psychologie et D. E. S. S. ou D. E. A.) ; il possède une formation spécialisée en psychologie (bac + 5). Il est détenteur d'un titre. Il s'orientera vers la psychologie clinique, le monde du travail, les écoles ou les hôpitaux. De par son cursus, il a appris les différentes théories psychologiques et a donc étudié les comportements humains. Au fait de ces lois psychiques, il a pour rôle d'aider à surmonter une phase de vie ou des attitudes problématiques pour le patient, notamment échec scolaire ou réorientation professionnelle, avec, pour exemple dans ce cas, utilisation de bilans de compétences. Ses études universitaires permettent au psychologue d'avoir la connaissance de grilles de lecture spécifiques adaptées au profil du patient et à sa demande. Le psychologue a ainsi pour objectif la résolution d'une difficulté ou d'une situation de crise ponctuelle. Sa formation lui offre divers moyens : tests de psychométrie classique (test d'intelligence, d'aptitudes, de personnalité comme le M.M.P.I (Minnesota Multiphasic Personnality Inventory) composé de cartes, tests projectifs tel celui des taches de Rorschach ou le test du village..., ainsi que les entretiens ou autres techniques thérapeutiques, comme les séances de couple ou de groupe.
Le psychothérapeute a été formé à des techniques psychothérapeutiques mais il ne s'agit pas d'un titre. La psychothérapie s'applique aux affections dites psychosomatiques. Elle permet aussi d'effectuer, à l'aide du psychothérapeute, des choix nécessaires aux difficultés du quotidien. La psychothérapie procède de deux courants, celui de procédés psychologiques connus (hypnose, improvisation dramatique...) et de théories psychopathologiques, comme la psychothérapie morale et même la psychanalyse. Philippe Pinel (1745-1826) est le premier à avaliser l'idée que la psychothérapie est une thérapeutique psychiatrique qui tient compte malgré tout du malade. La formation du psychothérapeute est assurée par des organismes privés. Ici d'ailleurs, la législation est en pleine évolution depuis fin 2003: l'amendement Accoyer, qui a suscité de nombreuses réactions dans le monde psy, a proposé la mise en place d'un cadre légal. D'autres propositions ont suivi ; à ce jour, les dispositions législatives sont en cours. La relation thérapeute-patient y est d'importance et il existe, actuellement, nombre de psychothérapies. Elles ont pour but de traiter divers troubles de type psychologique, de quelque forme qu'ils prennent. Très variées, elles peuvent être corporelles, individuelles, de couple, familiales, de groupe, basées sur l'hypnose, sur des pratiques théâtrales, musicales, picturales... Cette large palette a pour base des théories du fonctionnement psychologique auxquelles elles se réfèrent, dont elles s'inspirent et qu'elles adaptent. Selon l'orientation choisie, des procédés verbaux, ou à l'inverse non-verbaux, sont appliqués. Cette extrême variété offre au patient un large choix en fonction des critères qui l'amènent à consulter. Ces diverses approches s'adressent aux personnes qui souhaitent des effets, voire des résultats rapides. Le travail considère essentiellement la sphère consciente et s'inscrit dans une relation d'aide active. En psychothérapie, l'objectif à atteindre est précis.
Le psychanalyste a suivi un cursus spécialisé en psychanalyse, dispensé en institut privé. Ce cursus est long et se déroule sur plusieurs années. Sa durée est en partie déterminée par son analyse personnelle. Le père fondateur de la psychanalyse est Sigmund Freud. La théorie psychanalytique considère l’inconscient, phénomène psychique qui détermine l'individu malgré lui. Cette méthode, dite d'associations libres, a essaimé dans le monde entier. Diverses écoles psychanalytiques existent de nos jours et le psychanalyste pourra être freudien, lacanien, jungien... en fonction de son orientation. La démarche mise en œuvre a pour sens la prise de conscience des processus et mécanismes inconscients qui agissent et génèrent des effets symptomatiques. Ainsi cette démarche est-elle une investigation singulière ; elle amène chacun à réinvestir sa propre histoire à laquelle il n'avait pas accès du fait du refoulement ; cette technique permet de se comprendre, se libérer des entraves, des échecs, des angoisses, des résistances, entre autres. Que ce soit en face à face ou sur le divan, le patient est invité à tout dire de ce qu'il pense et qui lui traverse l'esprit, sans rien censurer. L'analyste guide puis interprète selon une écoute précise de l'inconscient, écoute qu'il a acquise lors de ses études, grâce en particulier à une formation linguistique incontournable, poussée et exigeante qui permet, en particulier, d'interrompre la séance à un moment langagier précis qui n'a alors de sens que pris dans l'histoire de l'analysant. C'est la place du célèbre Je ne vous le fais pas dire de Jacques Lacan. Le psychanalyste a ainsi appris que l’inconscient est structuré comme un langage, comme l'a encore souligné Lacan. Le non-dit libéré, le symptôme cède. Ce travail sur l'inconscient nécessite une capacité à la persévérance certaine.
À l'évidence, ces diverses orientations exercées par des professionnels compétents, au fait de leur pratique et qui respectent la déontologie, s'inscrivent dans une dynamique de complémentarité : le fondement essentiel est le respect du patient. Ainsi, s'adresser à un psychiatre, à un psychologue, à un psychothérapeute ou à un psychanalyste est fonction du profil du sujet, ses objectifs, de ses choix, de sa quête comportementale ou existentielle. Naturellement, une telle démarche n'est pas figée. De fait, une approche pourra-t-elle être suivie d'une autre différente si la dynamique évolutive le requiert.
Liliane Muller
